- De quoi s’agit-il ?
L’hypothèse la plus répandue et la mieux acceptée veut attribuer l’origine de cette matière invisible à une particule interagissant peu et dont la masse serait comprise entre dix et cent fois celle du proton.
- Peut-on la détecter directement ?
En principe oui, avec des détecteurs suffisamment sensibles et si on attend assez longtemps. Las, malheureusement, après plusieurs dizaines d’années de quête, aucun des détecteurs construits à ce jour n’a pu détecter le moindre signal (PandaX-II Collaboration, XENON Collaboration, LUX Collaboration, ATLAS Collaboration, CMS Collaboration, etc.) ; voir complément plus bas.
- N’y aurait-il pas plusieurs constituants au lieu d’un seul ?
Il a effectivement été émis l’idée que la matière sombre pourrait très bien être représentée par divers porteurs : neutrinos, mini-trous noirs, axions, photons sombres, etc.
Là encore, aucun résultat satisfaisant. L’hypothèse « neutrino » ne suffit pas, à elle seule, à expliquer la totalité de la masse sombre présente dans l’univers.
- Y-en-a-t-il autour de toutes les galaxies ?
Non ; par exemple la galaxie NGC 1052-DF2 semble ne pas en avoir du tout. Un résultat que contestent d’autres équipes en arguant du fait que la distance entre nous et cette étrange galaxie serait mal estimée, faussant du coup la conclusion qui en avait été tirée. L’absence de matière sombre autour de certaines galaxies, si elle était confirmée, ne ferait qu’épaissir un peu plus le mystère entourant ce sujet.
- La matière sombre est-elle porteuse d’une charge électrique ?
L’hypothèse a été suggérée. A ce jour, il n’y a pas d’expérience pour la confirmer.
- Les particules ordinaires peuvent-elles se désintégrer en particules constituant la matière sombre ?
Là aussi : grand point d’interrogation ! L’idée est actuellement supportée par des expériences de désintégration du neutron en proton, électron, neutrino selon deux protocoles différents exhibant des durées différentes (un peu moins de dix secondes selon le protocole choisi) ; certaines équipes veulent y voir la preuve d’un processus de désintégration incluant indirectement une ou plusieurs particules constituant la masse sombre [01].
- La matière sombre existe-t-elle vraiment ? Sous-entendu : est-elle de nature particulaire ?
C’est la question ultime que posent certaines équipes. Elles ne mettent pas du tout en doute les mesures prouvant l’existence d’un problème dans la balance des masses. Elles suggèrent que l’explication serait à chercher ailleurs ; par exemple : dans des modifications encore mal comprises de la géométrie de l’espace-temps entourant les galaxies.
Avec cet état d’esprit, elles invitent à réexaminer la théorie de la gravitation et à y apporter les modifications permettant d’expliquer les observations.
Il est inutile de préciser que cette vision alternative alimente les polémiques puisqu’elle suppose d’accepter de rediscuter l’œuvre maitresse qu’est la théorie d’A. Einstein.
C’est pourtant la voie actuellement choisie par diverses équipes restées fidèles à l’esprit scientifique ; c’est-à-dire par celles qui sont sans cesse prêtes à réexaminer les fondations de la physique tout en les mettant en perspective avec les mesures issues des observations.
L’étude approfondie des limites séparant la théorie d’A. Einstein de celle de Newton [02] et du gravitomagnétisme dans le cadre de la théorie de la relativité générale servent ici de fil conducteur [03], [04].
© Thierry PERIAT, texte paru le 23 mars 2022 pour la première fois, actualisé le 21 décembre 2022.